Je ne sais pas si je commence par elle, ou bien si je finis ? Allez soyons fous, et parlons culotte (ou slips, shorty, or whatever !)
Force m’est de constater que vos retours sur le prologue de cette nouvelle série du « Syndrome de la culotte qui serre » ont influé sur ce chapitre. En effet, je n’avais pas prévu d’aborder d’entrée de jeu ce sujet que sont les « sous-vêtements ». Pourtant après ma première publication, j’ai reçu des commentaires d’amies et d’anonymes qui se reconnaissaient particulièrement dans cette titraille. Si pour moi, cette appellation est révélatrice, elle était surtout la partie émergée de l’iceberg, englobant un sujet bien plus général. Donc ce premier chapitre lui sera consacré à cette fameuse culotte – mais pas qu’à elle – révélatrice de bien des maux.
Quand on a des kilos en trop (un peu, beaucoup, passionnément), s’habiller est un sujet. Se déshabiller l’est tout autant. Pourtant choisir les « bons » sous-vêtements n’est pas si aisé. En effet, quand on veut des sous-vêtements sympas, qui ne coûtent pas un bras, et qui soient à la bonne taille, ce n’est pas si facile. Surtout si vous êtes à la limite de taille des grandes enseignes type Etam et tutti quanti. Franchement, Princesse Tam Tam, je ne m’abaisserai même pas à leur mettre les points sur les «i» depuis qu’ils m’ont dit que leurs soutiens-gorges étaient calibrés sur la poitrine des femmes de 1950 (véridique !) Bref, dès qu’on s’approche de la limite, deux choix s’offrent à nous : soit on maigrit (rassurez-moi, vous vous gaussez vous aussi ?) soit on choisit des culottes de grand-mère…
Autrement dit, un choix cornélien, ultra-facile à accepter et à réaliser en somme.
On a donc le choix entre des sous-vêtements dans lesquels on se sent bien physiquement mais pas au top mentalement, ou des culottes jolies mais pas à notre taille.
Je vous le donne en mille, à votre avis, qu’ai-je choisi la plupart du temps ? Banco, j’ai opté pour la souffrance. Pas forcément sciemment, attention. La plupart du temps, je me disais juste « mais si c’est ma taille, ça passe » (hahaha). Ou alors, je n’essayais pas en boutique, et c’était la déconvenue à la maison.
Mais à l’usage, une culotte trop petite ça a plusieurs conséquences : ça serre tellement que ça forme un bourrelet, ça cisaille l’aine (appelons un chat un chat), ça laisse des marques le soir venu, ça descend en permanence… Et tout ça pour quoi ? Pourquoi ?
Parce que l’industrie du vêtement a décidé qu’il y avait une taille limite à la beauté ? À l’envie de se sentir belle/beau nu.e ? Spoiler alert les gars et les girls, si vous faites plus que du 42/44, cachez-vous, s’il vous plaît, ayez pitié de nos rétines, que diantre !
Et ce qui vaut pour la culotte vaut aussi pour les soutiens-gorges, « soutifs » pour les intimes. Le problème est identique : à partir du bonnet C, on est bonnes pour des parachutes à la place des jolis bonnets dentelés et/ou fleuris. Les filles, soyez sympas, ayez des seins, mais pas trop gros non plus. Ça coûte cher le tissu, croyez quoi. Le nombre de fois où j’ai acheté un soutien-gorge qui n’était pas adapté ma poitrine faute de propositions… Alors les seins dépassent, dessus, dessous, partout. Ça remonte dans le dos. Ça cisèle le sein. Etc.
Quant aux bustiers, parlons-en. Ne soyez pas étonnés aux beaux jours de voir autant de bretelles inadaptées dépasser de hauts aux formes diverses, c’est tout simplement qu’on est capables d’envoyer des tonnes de métal sur la Lune détente, mais trouver le moyen de faire défier la loi de la gravité à deux boobies un peu volumineux, et là les ingénieurs déraillent. Pourtant ça doit être jouable de proposer des soutiens-gorges au-delà du bonnet B qui ne tombent pas sur les hanches, ça semble envisageable d’avoir suffisamment de tissu pour recouvrir l’ensemble et ne plus avoir l’impression de porter un cache-téton, rien d’impossible non plus à proposer de plus grands bonnets pour éviter d’illustrer avec ses seins la règle de 2 au carré.
Encore une fois, sans le dire explicitement – mais le message est clair quand même -, en matière de sous-vêtement, c’est comme en voiture, il y a des limites à ne pas dépasser. Le problème sous-jacent est que les personnes en-dehors des clous sentent qu’elles ne font pas partie de la « norme » et à force cela crée insidieusement des complexes et/ou des problèmes de santé. J’évite intentionnellement de parler des fameuses « grandes tailles », expression la plus détestée au monde surtout quand on parle de taille 42, parce que je sens venir la crise d’urticaire.
Je pourrais vous raconter par A+B le sentiment de négativité personnelle que l’on ressent quand on ne peut pas enfiler une culotte ou qu’elle nous serre tellement qu’on sait qu’on ne tiendra pas la matinée, mais il est aisé de se le figurer… Surtout quand ces événements se passent à l’adolescence, au moment où l’on se construit, pendant lequel notre corps se transforme d’une façon qu’on n’avait pas envisagé et qu’il faut à la fois faire face à ces changements et affronter le monde extérieur qui nous fait entr’apercevoir notre inadaptabilité. Evidemment que c’est futile, là n’est pas la question, et que la construction se fait aussi ailleurs. Pourtant, ce sont ces petits événements qui, mis bout à bout, s’accumulent.
Je ne sais pas combien de temps l’industrie nous imposera cela, ni combien de temps nous l’accepterons.
Mais parfois il y a aussi les choses de la vie qui changent la perception des choses. Un jour il y a longtemps, je suis allée à la plage à La Rochelle avec des copains de fac, et je portais un maillot de bain deux pièces malgré mes kilos en trop.
Et je me rappelle encore de ce copain qui à l’époque m’avait dit qu’il « admirait » le fait que j’assume mon corps et « ose » me mettre en maillot deux pièces. Je ne me souviens plus ses mots exacts, ça remonte à presque dix ans maintenant, mais il n’y avait pas une once de méchanceté ou de jugement dans ses dires, mais une profonde « admiration ». C’est tellement bizarre d’écrire ces mots, et pourtant c’était le cas. Il était sincèrement bluffé que j’ose faire cela ! Et j’étais encore plus estomaquée que cela vienne d’un individu de sexe masculin. C’est dire si l’environnement dans lequel on a évolué/s’est construit joue sur notre comportement au quotidien. Lui devait être habitué de voir des filles se cacher en permanence. Et moi, je devais auparavant jouer du paréo comme personne.
Alors je crois que ce jour-là, sans s’en apercevoir, on s’est tous les deux libéré d’un poids.
Bravo pour cette belle écriture ! J’ai hâte de lire la suite.